Aussi loin que je m’en souvienne, je me suis toujours sentie plus ou moins en décalage avec mon entourage. Souvent j’étais la plus jeune dans les groupes, j’avais l’impression d’être un peu le bébé. Et même si maintenant ce statut de « bébé » à un peu changé (je suis la plus « vieilles » de toutes mes amies pratiquement), ce sentiment d’être en décalage, lui, est toujours bien présent.
Je pense que comme la plupart des personnes entrées dans la vingtaine, je suis arrivée à un âge où tout notre entourage, ou presque, commence à avoir une vraie vie d’adulte.
La plupart de mes amies sont parties de chez leurs parents, tous les gens que je côtoie sont en couples et commencent plus ou moins à avoir des projets de vie.
Et puis, il y a moi qui, à côté de tout ça, à tendance à se sentir bien en retard ou un peu à la traîne sur plusieurs choses.
Alors je sais bien qu’il ne faut pas se comparer aux autres, mais c’est parfois difficile d’avoir le sentiment d’être un peu celle restée sur le banc de touche, à regarder le train de la vie passer sans arriver à trouver une place dedans pour y monter.
Il y a quelques mois, lors d’une formation, j’ai découvert le terme « adulescents », ce groupe social un peu hybride de jeunes adultes, plus adolescents donc, mais qui pour diverses raisons ne se retrouvent pas en tant qu’adultes (soit car ils n’ont pas terminé leurs études, qu’ils sont sans emploi, ou vivent encore chez leur parent, etc). Et finalement je me suis retrouvée totalement dedans.
Dans mon cas, j’ai terminé mes études et j’ai, a priori, un boulot stable, mais en revanche je vis encore chez mes parents.
D’une part car je ne me sens pas forcément prête à vivre seule (hello again anxiety), et d’autre par car financièrement ça ne serait pas forcément évident (un loyer à payer seule en Ile de France, on réfléchit un peu avant de se lancer tête baissée dans la sacro-sainte indépendance).
Et pourtant ça semble si simple pour certaines personnes. Comme je vous le disait plus haut, la plupart des personnes de mon entourage sont ou vont s'installer, seul.e.s mais le plus souvent c'est en couple… alors peut-être que ça aide aussi.
C’est d’ailleurs un autre point sur lequel je commence à me sentir en très gros décalage : le touchy plan sentimental.
Si le fait d’être célibataire peut parfois être pesant (la solitude, l’envie de partager, etc. i’m not gonna lie, it sucks), ce n’est pas le plus dure finalement. Non, le plus dure c’est se sentir exclue de certaines conversations, ne pas pouvoir s’exprimer sur des situations que seules les personnes en couple peuvent avoir.
J’en avais pas forcément conscience avant, mais je le sens bien que parfois je fais un peu tache au milieu de ces conversations (valable, aussi, quand je me retrouve au milieu d’un groupe de mères de familles qui n’ont, a priori, que leurs enfants comme sujet de discussion).
Je me sentais exclue mais je pensais dans le fond que c’était ma faute, que c’est moi qui m’excluait toute seule. Alors que non, je n’ai pas le choix en fait. C’est normal de ne pas se sentir concernée, de ne pas pouvoir s'identifier à certains trucs quand on ne les vit pas ou qu’on ne les a, parfois, même pas vécu du tout.
Et c’est dure en fait de se retrouver exclue, de subir une situation qui est déjà pas forcément bien vue socialement, mais quand tu peux difficilement t’intégrer… je vous laisse imaginer le(s) moment(s) de solitude décuplé(s) par 1000.
Et puis comme pour se prendre un appart, se mettre en couple à l’air si facile pour tout le monde qu’on en vient fatalement à se demander si on est normale et encore une fois à se comparer.
Car il vient de là ce sentiment de décalage. On se sent en décalage par rapport aux autres, par rapport à ce que la société nous dicte depuis notre plus jeune âge (on va à l’école, on fait des études, on trouve un boulot, on se met en couple, on achète une maison, on se marie et on fonde une famille. Easy peasy, right ?) et fatalement, on compare à quel stade chacun en est dans la vie.
Sauf que la vie, ce n’est pas si simple. Malheureusement (ou heureusement), chacun avance à son rythme, chacun à ses aspirations, ses envies mais aussi ces difficultés à avancer dans la vie.
Il y aura toujours quelqu’un qui paraitra plus avancé que nous et, a contrario, je suis presque sûre que quelqu’un nous trouvera plus en avance que lui.
C’est totalement normal qu’on avance tous différemment dans la vie car nous n’avons pas la même, de vie. Et même si j’ai tendance à l’oublier bien trop souvent depuis quelques temps, nothing’s wrong with me. Comme le disais très justement Amandine dans un de ces posts ici, à propos de ne pas se sentir en phase avec son entourage : « ne vous inquiétez pas trop si votre parcours est différent, un peu plus difficile, il est en constante évolution. Prenez votre temps pour faire les choses biens et si ce n’est pas pour tout de suite, restez optimiste, votre temps viendra. » (je vous invite également à lire son article qu’elle a écrit plus récemment sur le fait de ne pas se forcer ici).
Je pense que nous sommes plusieurs à nous sentir en décalage, qu’on est 18, 20, 30 ans et même bien après, ça sera toujours le cas. L’important est d’avancer à son rythme, il n’y a pas de bon ou mauvais chemin à prendre suivant notre âge, comme disait un grand philosophe « chacun sa route, chacun son chemin ». Peu importe notre âge, et la pression sociale ambiante, ce qu’il faut c’est profité et keafé sa life du mieux qu'on peut (friendly reminder pour vous et aussi un peu, pour moi) ♡
One day you will look back and see that all along: you were blooming. — Morgan Harper Nichols